Alors que l’opérateur traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire, SFR choisit de frapper fort : le lancement officiel de son offre 5G+, une nouvelle génération de réseau mobile censée redorer son image et séduire une clientèle lassée par des années de turbulences. Mais cette annonce ambitieuse intervient dans un contexte délicat : endettement massif, pertes financières et menace de rachat planent toujours au-dessus du groupe. Reste à savoir si cette 5G “vraie” version peut inverser la tendance.
Une 5G enfin complète, mais un lancement tardif face à la concurrence
Après Orange, Free et Bouygues Telecom, SFR ferme la marche. L’opérateur de Patrick Drahi devient le dernier du marché à activer ce qu’on appelle la 5G SA (Standalone) — souvent commercialisée sous le nom de 5G+.
Contrairement à la 5G “classique” déployée depuis 2020 (dite 5G NSA), cette version s’appuie sur un cœur de réseau entièrement 5G et non plus 4G. Résultat : des vitesses théoriques bien plus élevées, une latence considérablement réduite et la promesse de nouveaux usages (réalité augmentée fluide, cloud gaming, véhicules connectés, etc.).
Mais ce virage technologique a un goût amer : SFR arrive bon dernier. Orange a déjà ouvert la voie dès 2023, suivi de Bouygues et Free au printemps 2024. Pour beaucoup d’observateurs, ce lancement tardif illustre le retard stratégique d’un opérateur longtemps étouffé par sa dette et par des restructurations internes.
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Deux nouveaux forfaits pour séduire, mais à quel prix ?
Pour accompagner son entrée dans la 5G+, SFR dévoile deux offres mobiles censées refléter sa modernisation technologique :
- Forfait 250 Go 5G+ : sans engagement, avec 250 Go en France, 100 Go dans l’Europe et les DOM, et 35 Go depuis 70 destinations internationales. Tarif annoncé : 26,99 € par mois, ou 21,99 € pour les clients SFR Box.
- Forfait illimité 5G+ : engagement de 24 mois, data totalement illimitée en France, 100 Go en Europe/DOM et 35 Go à l’étranger. Prix fixé à 39,99 € par mois, ou 31,99 € pour les abonnés Box.
Sur le papier, ces offres paraissent généreuses. En pratique, elles se placent dans la moyenne haute du marché. Free Mobile, par exemple, propose déjà de la 5G SA pour moins de 20 €, avec un volume de données conséquent. L’écart de prix pourrait donc freiner l’élan commercial de SFR, surtout à une époque où les consommateurs traquent les bons plans plus que la “technologie pure”.
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Un réseau modernisé, mais une image à reconstruire
SFR assure avoir mis les bouchées doubles pour moderniser son infrastructure. Plus de 10 000 antennes 5G actives dans la bande des 3,5 GHz couvriraient aujourd’hui près de 85 % de la population. L’opérateur revendique également la compatibilité avec la VoNR (Voice over New Radio), technologie permettant les appels vocaux directement via le réseau 5G, sans repasser par la 4G.
Techniquement, SFR semble donc au niveau. Mais la question de la confiance client reste entière. Le groupe a enchaîné les hausses de tarifs, les plans sociaux et les fermetures de boutiques, sans parler de la crise financière majeure qui pourrait l’amener à être partiellement racheté par un concurrent. Dans ce contexte, difficile de convaincre le grand public que la 5G+ représente un véritable renouveau.
La 5G+ de SFR : un pari risqué pour sauver un géant en difficulté
Le lancement de la 5G+ ressemble à un baroud d’honneur. Pour SFR, il s’agit de prouver qu’il peut encore rivaliser avec les trois mastodontes du marché. En interne, cette initiative vise aussi à reconquérir les investisseurs, inquiets des perspectives financières du groupe Altice, maison mère de SFR, dont la dette dépasse les 60 milliards d’euros.
Les analystes y voient une stratégie défensive : montrer que l’entreprise reste innovante malgré les difficultés. Mais sur le terrain, la priorité reste d’assurer une qualité de service irréprochable, car la réputation de SFR a souffert de plusieurs années de plaintes liées à la couverture et au service client.