À Marseille, la fermeture programmée des Galeries Lafayette marque la fin d’une époque commerciale. Après près de cinquante ans de présence, les deux magasins du Centre Bourse et du Prado Shopping baisseront leurs rideaux le 30 novembre, supprimant 145 emplois. Pour les habitants, cette fermeture est ressentie comme un signal fort de la mutation du centre-ville, déjà confronté à de multiples difficultés économiques.
Un départ qui questionne l’avenir du commerce marseillais
Le groupe Galeries Lafayette justifie cette décision par des pertes récurrentes au fil des années. Cette fermeture intervient dans un contexte où la ville subit la concurrence de nouveaux centres commerciaux, notamment dans le quartier de la Joliette, et où le commerce en ligne modifie profondément les habitudes de consommation.
Selon Rebecca Bernardi, adjointe au maire en charge du commerce, le taux de vacance des baux commerciaux atteint 20 % dans le centre-ville, mais tombe à 11,7 % dans l’hypercentre autour du Vieux-Port. Malgré ces chiffres, elle admet que le centre reste fragilisé par plusieurs facteurs, dont le pouvoir d’achat local et la transformation de certaines artères en zones piétonnes limitant le stationnement.
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Marseille face à des enjeux sociaux et économiques profonds
Contrairement à Paris ou Lyon, le centre de Marseille concentre une part importante de pauvreté, avec un taux supérieur à 38 %, selon l’Insee. Cette situation pèse directement sur le commerce de centre-ville. Sur la célèbre Canebière, de nombreux artisans ont fermé boutique, remplacés par des enseignes à bas prix adaptées au pouvoir d’achat local.
Jean-Luc Chauvin, président de la chambre de commerce Aix-Marseille-Provence, souligne que la survie des centres-villes passe par une diversification des offres plutôt que par la multiplication des mêmes grandes marques. Selon lui, le véritable défi est d’adapter le commerce aux besoins locaux tout en tenant compte du contexte économique.
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Des projets politiques ambitieux mais contestés
La fermeture des Galeries Lafayette relance le débat sur l’avenir du Centre Bourse, construit en 1977. Plusieurs projets ont été évoqués : ouverture d’une école de cuisine, création d’une maison de l’enfant, ou aménagement d’un parc urbain. Le maire sortant, Benoît Payan, a évoqué la possibilité d’un grand équipement culturel, voire l’achat des Galeries Lafayette pour transformer le site en lieu de vie.
Pour la droite locale, représentée par Martine Vassal, le problème principal reste la sécurité. Les rues autour du centre Bourse sont, selon son camp, confrontées à des agressions et à la prolifération des points de deal. Franck Allisio, député RN, insiste également sur la propreté et la sécurité comme préalable à toute revitalisation du centre.
Habitants et experts réclament une concertation réelle
Si les idées se multiplient, elles sont jugées souvent déconnectées de la réalité locale. Emmanuel Patris, urbaniste, critique la méthode institutionnelle utilisée pour décider de l’avenir du centre : « Les habitants ne sont pas suffisamment consultés, et les décisions risquent de ne pas répondre aux besoins réels ». Cette absence de dialogue pourrait conduire à des projets peu adaptés aux usages quotidiens des Marseillais.